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Sur les pas de Magellan mais sans mourir ...
18 septembre 2014

Mon top 10 Belgique: N°7: Ypres

Le soir, le clairon retentit dans l'ancienne cité drapière. Car si à Ypres, le commerce flamand a pris son essor au Moyen Age, la cité a été tristement connue pour les ravages de la Première guerre mondiale. La terre, encerclée par les remparts, est jonchée des tombes de Canadiens, d'Australiens et autres participants à une guerre dont ils n'avaient que faire. Sacrifiée sur le banc de l'atrocité, Ypres ne s'est pas laissée abattre mais n'oublie pas de faire acte de mémoire lorsque la nuit tombe.

 

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Derrière les arbres, le Moyen Age

 

Pourquoi dans le top 10? Un télescopage entre deux époques

Télescopage, tel est le meilleur qualificatif que l'on peut donner à la ville flamande entre son héritage médiéval et les comémorations de la Grande guerre. Ypres a pendant longtemps été une des grandes cités drapières de Belgique (même si le pays n'existe pas encore) à l'instar de Bruges et Gand. Ses longues halles reflètent la nostalgie d'un marché bruyant où on négociait ferme. Elles sont interrompues par un beffroi qui leur confère une certaine majestuosité. Mais celle qui fanfaronnait au XIIIe siècle allait connaître bévues sur bévues le siècle suivant. La guerre de Cent ans fit rage au XIVe siècle et Ypres fit le mauvais choix de choisir un camp. Ce fut celui des Anglais qui leur procuraient la laine nécessaire à leur activité. Les Français fâchés mirent fin à leurs achats et le déclin économique en fut la conséquence directe. Les halles allaient se figer dans un semi-silence avant de prendre une toute autre fonction au XXe siècle. On ajoute à cela l'épidémie de 1316 et le siège des Gantois et des Anglais en 1383 qui l'assénèrent de coups une nouvelle fois. L'allié d'hier devint le vandale. Rien ne va plus et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles Ypres n'a pas la renommée de sa voisine Bruges. 

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Les halles au centre de la ville

Au XVIIe siècle, les remparts l'entourèrent. Mais eux aussi sont les témoins du triste sort de la ville. C'est l'armée de Louis XIV qui comme Bruxelles la prit pour agrandir les lignes de la carte du royaume. Si le roi Soleil se plaisait à constater les changements cartographiques, les Yprois durent subir le couroux de Vauban même si elle était fortifiée. Par la suite, les remparts furent aménagés et encore aujourd'hui, la promenade est douce dans ses allées vertes.

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Ballade à travers les remparts

Après ces déboires, Ypres ne fut pas au bout de ces peines. L'immense porte Menin est là pour s'en faire l'écho. Avec les halles et la promenade autour des remparts, elle constitue le troisième monument emblématique de la ville. Chaque soir à 20h, le rituel du corps de pompier s'effectue: le "Last Post" y est joué au clairon, sonnerie de couvre-feu britannique. Sur ses pierres, les noms de 54 896 Britanniques sont inscrits. Car bien peu le savent mais Ypres est l'une des villes les plus importantes de la Grande Guerre et son musée "In Flanders Fields" est là pour le rappeler. C'est là que les Allemands ont reporté leurs attaques dès 1914 dans le saillant d'Ypres où pendant 4 ans, jusqu'en octobre 1918, les batailles n'ont cessé de faire couler le sang. Un sang qui s'est infiltré dans les terres tout comme les cimetières de ces soldats dans lesquels on peut se recueillir. Pensez à nos amis Australiens qui n'ont jamais pu recevoir la dépouille de leurs proches. Un sentiment d'angoise, de honte, voire même de culpabilité même si on n'y est pour rien se fait jour dans nos coeurs. C'est aussi à Ypres que les armes chimiques montreraient le bout de leur nez dans l'histoire (même s'il est vrai qu'on utilisait déjà ce type d'armes dans l'Antiquité mais jamais de cette manière) avant de devenir ce qu'elles sont aujourd'hui. Celui qu'on appelle gaz ypérite ou gaz moutarde a débuté ici en 1917 et les gaz asphyxiants tout court se sont aussi établis là en 1915. Aujourd'hui, c'est une vaste nécropole de 300 000 Alliés dont 250 000 du Commonwealth

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Soyez là à 20 heures!

Quand je parle de télescopage des époques, c'est parce que les halles que vous voyez aujourd'hui n'ont pas seulement été reconverties en musée de la Grande guerre, elles ont été aussi dévastées à cause de cet événement. Un tas de caillou qui rappelle que les guerres sont aussi un danger pour le patrimoine. Et Ypres prouve bien tous les jours qu'elle sait se souvenir.

Quand la Première guerre mondiale rencontre le Moyen Age

 

Un bon plan

Le "In Flanders Field route" est un itinéraire historique qui permet de faire le tour des sites et cimetières militaires de la région.

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En mémoire de nos pères

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