Mon top Paris: N°4: la Sainte Chapelle

19 août 2015

Caché par la grandeur de Notre Dame de Paris, ce n'est souvent pas lors d'un premier voyage qu'on pense à visiter la Sainte Chapelle qui est pourtant un joyau du gothique et comme c'est plus petit, j'apprécie encore plus ce concentré de maîtrise technique. Quelle bien bonne idée a eu Saint Louis en revenant de croisade.

Ca, c'est du vitrail

Pourquoi dans le top 10? L'un des plus beaux joyaux gothiques de France

L'histoire est connue: Saint Louis ou Louis IX, le roi des croisades, fut élever la Sainte Chapelle pour y mettre en valeur ses reliques. Au XIIIe siècle, en Orient, Baudouin II de Courtenay, empereur latin de Constantinople (partis en croisade dès la fin du XIe siècle, les Chrétiens avaient fondé les Empires latins d'Orient) doit revendre la couronne d'épines du Christ car il a contracté un prêt aux Vénitiens qu'il ne peut rembourser. Ni une, ni deux, Saint Louis saute sur l'occasion en 1239 et acquiert la relique et rembourse au passage la Lagune. La passion dévorante de Saint Louis pour les reliques ne s'arrêtent pas là et il demande à ce qu'on lui en ramène d'autres qui auraient appartenu à la Vierge et à Jésus: un saint Clou et un morceau de la croix du Christ tomberont dans l'escarcelle de la royauté française. Lorsque sa collection prend forme, il veut les réunir en un seul endroit pour leur rendre tout l'hommage qu'on leur doit et se la péter un peu, beaucoup même. Ce sera la Sainte Chapelle. 33 mois de construction et des dépenses faramineuses, elle est terminée en 1248 mais coûtera toujours 2 fois moins que l'acquisition des reliques et les châsses dans lesquelles on les enferme. Nous sommes au Moyen Age et à cette époque, le pouvoir n'est pas que territorial mais aussi religieux et les reliques y participent grandement. La Sainte Chapelle sera d'ailleurs intégrée au palais du roi et est en quelque sorte privée. Sur 2 étages, la chapelle haute, c'est-à-dire la plus étincelante quant à ses vitraux, est réservée au roi et à la reine tandis que la chapelle basse est réservée aux autres.

Il faut comprendre que la Sainte Chapelle voit le jour au moment où la cathédrale est en chantier même si celui-ci avait commencé le siècle précédent. D'ailleurs, elles ont un architecte en commun. C'est donc dans la veine de l'art gothique que se place cet édifice et ce qu'il en reste est beaucoup plus médiéval que ce qu'on peut observer à Notre Dame de Paris. Dans la chapelle basse, on voit la couleur sur les colonnes et les plafonds où se croisent les voûtes en ogives. Car le Moyen Age était un monde haut en couleur où tout était peint y compris les statues. Le temps les a juste altérées mais n'imaginez pas une époque qui puise dans la sobriété. Ici, des couleurs bien pétantes mettent en valeur les symboles de la fleur de lys et de la Castille car la mère de Saint Louis se nommait Blanche de Castille. La chapelle haute est elle aussi inondée de couleurs. A l'extérieur, point d'arc boutants mais de simple contreforts réhaussés de pinacles car l'édifice n'a pas les dimensions de Notre Dame. On ne peut échapper à l'immense rosace et la flèche de 75 mètres de haut alors qu'il n'est pas certain que la cathédrale gothique de l'autre côté de la Cité en possédait une en ce temps là. Mais le plus impressionnant, ce n'est pas la châsse surchargée de pierres précieuses même si elle est gigantesque mais les verreries. Ses vitraux sont surement les plus beaux que j'ai vus de ma vie et on imagine le travail titanesque des verriers. J'ai d'ailleurs appris un mot à cette occasion: le boustrophédon. Il s'agit d'un sens de lecture qui alterne ligne par ligne. Ainsi, vous commencez par lire de gauche à droite, puis de droite à gauche et ainsi de suite. Saint Louis avait attendu la confection de l'édifice et avait placé la couronne d'épines à Notre Dame dans un premier temps. Les révolutionnaires ne les auront pas endommagées mais la couronne est retournée à Notre Dame de Paris. La Sainte Chapelle est donc orpheline et elle a bien besoin de réconfort.