Mon top 10 Nice: N°5: la place Massena
L'avenue Jean Médecin est un peu à Nice ce que les Champs Elysées sont à Paris, certes en moins clinquante mais où FNAC, galeries Lafayette et Virgin Megastore se sont faits une place au soleil. Elle débouche sur le Vieux Nice. Mais entre les deux, la place Masséna forme une passerelle.
Une étendue de liberté dans une ville aux bâtiments opressants
Elle doit beaucoup là aussi à l'arrivée des hivernants anglais pour qui on réalisait de nombreux projets urbanistiques afin de les attirer. C'est aujourd'hui une place ouverte et aérée. Souvent les places sont fermées sur elles-mêmes comme des îlots artistiques. Ce n'est pas cette sensation qu'on ressent ici. Au contraire, elle est prise par les flots de la ville et communique directement avec elle. Elle se débarasse (et c'est assez rare à Nice pour le souligner) de la circulation automobile reléguée sur les avenues et le front de mer encombrants. Les piétons peuvent donc à loisir se promener entre les bâtiments au rouge pompéien éclatant et se mettre à l'abri du soleil sous les arcades. Le tramway s'insère comme un serpent aimable sur les rails sans jamais rompre le charme de la place. Il en fait même partie intégrante.
Le tramway, symbole de la ville écolo
Je ne vais pas là retracer toute l'histoire de la place car il s'agirait de vous faire un cours d'histoire complet tant il y a à dire. De l'aménagement pour les Anglais à aujourd'hui, elle a connu de profondes mutations. Vous pourrez aisément approfondir vos connaissances ailleurs car mon article ne peut pas faire des pages. Je suis déjà assez bavard comme ça. Cependant, je tiens à préciser que cette place a permis à Nice de recevoir en 2008 le Trophée de l'aménagement urbain. C'est l'endroit de Nice où on n'étouffe jamais. C'est un aménagement urbain également artistiquement riche. Revenons au passé avant de s'intéresser à l'oeuvre contemporaine. Je suis toujours en extase lorsque je me dirige au fond de la place pour me raffraîchir au bord de la fontaine du Soleil, magnifique ouvrage de l'architecte Alfred Janiot qui a sculpté les grandes figures de la mythologie gréco-romaine: la Terre, Mars, Vénus, Mercure et Saturne sans oublier les créatures marines qui semblent si indomptables et fougueuses. Qui dit fontaine du Soleil rapelle le monopole d'Apollon sur le arts dont la statue en marbre de 7 mètres de haut, d'un nu qui aurait choqué les touristes d'antan, pose un regard condescendant sur les badaux.
La fontaine du Soleil, gloire à la civilisation du passé
De l'autre côté de la place, dans l'axe de la fontaine, s'élèvent à 10 mètres du sol les "Sitting Tatoos", des sculptures d'hommes en résine blanche translucides qui se métamorphosent et changent de couleur dès lors que la nuit tombe passant du vert au bleu en n'oubliant pas de prendre des teintes jaunes. Elles représentent les 7 continents et célèbrent ici le monde entier dans une ville qui accueille souvent le monde entier.
Les Sitting Tatoos, gloire du présent
C'est aussi un lieu de sociabilité avec les différentes manifestations. Spectacles de danse ou acrobatie s'y déroulent régulièrement sans oublier plus ponctuellement le marché de Noël et le festival niçois par excellence: son carnaval.
Le carnaval à l'abordage de la place Masséna
Pour clore cet article sur une place si excitante, il ne faut pas oublier que Nice depuis le XIX e siècle est une ville qui connaît des tas de bouleversements urbanistiques avec l'adoption de projets pour rendre la cité des plus agréables et ce n'est pas une mission facile, croyez moi. Jouxtant la place Masséna, le projet de la "Coulée verte" est l'un des plus beaux témoignages de développement durable non rédisentiel. En ce moment, les travaux qui recouvrent 12 hectares s'attèlent à vous faire découvrir prochainement une place verte avec miroirs d'eau et encourageant les sports de rue (skateboard, roller ...) et où on envisage des expositions d'oeuvre d'art.
Le projet de la Coulée verte
Nice se veut devenir le fleuron de l'écologie en Côte d'Azur et cherche sa bouffée d'air frais dans ses rares espaces vides. Après le cancer de l'automobile, c'est comme si Nice venait de se faire greffer de nouveaux poumons.