La ville du mois: Nice, la station balnéaire qui plaît aux étrangers

1 juillet 2013

C'est donc dans cette ville, baptisée à l'origine Nikaia que nous allons poser nos bagages durant un mois. Le soleil semble à tout jamais s'être posé sur la Baie des anges et la ville toute entière. Les Américains ont donné pour nom à une de leur ville Los Angeles où on envoie aujourd'hui les anges du pauvre, ceux de la télé réalité. Et pourtant, c'est à Nice que les anges semblent veiller depuis des millénaires. Des Grecs aux Anglais en passant par les Russes, Nice conserve un caractère provençal qu'aucun des étrangers venus s'installer ici n'a jamais voulu remettre en question. La montagne se colle derrière la mer sur les cartes postales et le soleil se couche toujours tard mais toujours pressé de revenir le lendemain matin.

Les Phocéens, Grecs originaires de la cité de Phocée et nom emblématique de la capitale marseillaise, sont aussi tombés amoureux de cet endroit et y ont déposé les premières pierres: Nikaïa nessait. Un nom si exotique qui sie parfaitement à cette sirène méditerranéenne qui étend sa longue queue côtière le long d'un front de mer raffiné où les hôtels de luxe lui font la courbette. Les mosaîques à la romaine semblent les écailles de cette créature marine urbaine. L'empire méditerranéen tomba lui aussi sous son charme et bâtit une ville voisine à Nikaïa: Cemenelum. Notre sirène bat encore des nageoires, ce qui provogue des vagues qui s'écrasent sur les plages de galets où les jeunes aiment se retrouver le soir après que l'après-midi eut été envahi de familles. Grecs et Romains ont posé le cadre: Nice est d'abord une déesse littorale.

Puis vint le temps des Français. Longtemps intégrée au territoire de la famille de Savoie, ils la lèguent aux Français en 1860. Nice devient française sous Napoléon III. Seulement, ce sont les étrangers qu'elle va charmer. La sirène semble avoir un côté vénal où ses bâtiments comme l'hôtel luxueux du Negresco ou ses nombreux casinos crachent des billets comme pour se délester d'une fortune bien trop lourde. Ce sont d'abord les Anglais qui chérissent cette station balnéaire ancienne. A l'ancienne oui car contrairement aux vulgaires Benidorm, Marbella ou Cap d'Agde, Nice ou Cannes ne sont pas des constructions ex nihilo et se targent de magnifiques centres anciens comme une starlette exposerait sa nouvelle poitrine après bistouri sauf qu'ici, c'est fait avec beaucoup plus de classe. La poitrine de Nice est retapée de vieilles briques et de couleurs chaudes. Revenons en aux Anglais. Aristocrates et bourgeois britanniques ont transformé à jamais la ville et l'ont jeté dans la gueule du tourisme. D'abord tourisme d'hiver car à l'époque, or de question de se baigner ou encore de bronzer car le teint hâlé était synonyme des visages mal lavés des paysans. Les pratiques ont changé et l'air frais et le climat doux de l'hiver ont cédé leur place aux avantages de l'été et la sirène sous le soleil s'est dorée suite aux établissements de luxe qui ont fleuri tout comme les jardins. Nice tient aussi à son appellation de ville verte de la Méditerranée. Les jardins jaillissent de toute part et sont des havres de paix dans une station où se pratique le tourisme de masse. A ces chers anglais, il fallait bien rendre hommage et le front de mer qu'ils aimaient investir et sur lequel ils aimaient se promener est célébrement intitulé promenade des anglais.

La sirène par ses odeurs d'été attire les communautés du Nord. Une importante communauté russe s'est installée à Nice qui à un endroit se maquille en Saint Pétersbourg avec sa cathédrale orthodoxe. Nice devient alors plus russe que française. Et ce processus n'a pas décliné avec un grand nom de la peinture franco-russe juive: Marc Chagall qui a légué un musée à la ville.

Aujourd'hui, la diablesse de la mer prouve que ses chants sont encore irrésistibles. Haut lieu du tourisme de masse français, rendez vous incontournable de la Côte d'Azur, elle attire encore une foule de touristes étrangers et nationaux. Demain, 2 juillet, elle sortira son corps des eaux pour donner du fil à retordre aux aventuriers du Tour de France et paradera encore devant notre poste de télévision. Sans oublier que chaque mois de février, d'autres créatures de tissus et de papier mâché encerclées par les fleurs se rassemblent pour le carnaval, une manifestation cosmopolite qui a influencé Rio de Janeiro et où les airs de samba remplacent peu à peu notre folklore traditionnel. C'est aussi le lieu de la musique: du jazz en passant par les concerts des plus grandes stars de la planète qui se poduisent au stade Charles Ehrmann ou au palais Nikaïa de U2 à Madonna en passant par Sting et P!nk. Nice, terre de shows. C'est aussi le lieu de résidence des plus fortunés. Sir Elton John y organise quelques soirées avec son ami George Michael et y reste 4 mois par an. Qu'il s'agisse de ses places, du Vieux Nice, de ses jardins ou de ses fêtes, les ritournelles hypnotiques de la ville provençale n'ont pas fini de faire écho aux quatre coins du monde.