Magazines et voyages: Géovoyage

Ce mois-ci, la rubrique" Magazines et voyages" aborde ce qui est pour moi le meilleur magazine de voyage du moment. Si j'avais évoqué la parution de "National geographic Histoire" la dernière fois, revue qui explique les lieux par le passé, Geo voyage lui est plus tourné vers la nature sans oublier le patrimoine.

1) Un magazine pour traveller

Distinguons d'emblée le traveller du simple touriste. Le simple touriste est souvent associé au tourisme de masse même s'il peut se décliner en touriste culturel, touriste sportif, touriste vert ... Le touriste passe par les incontournables et la plupart du temps voue un culte à la farniente. Le traveller, c'est plus que ça. Ma traduction sera simple: c'est un voyageur. Il décide comme le touriste d'en prendre plein la vue, d'humer les odeurs délicieuses du pays, de libérer ses papilles avec les plats locaux mais ce qui le distingue des touristes, c'est justement son envie de leur échapper. A quoi sert d'aller en Thaïlande pour se retrouver au milieu de parasites français qui captent leur image avec leurs plus beaux appareils photos se les faisant chourrer parfois juste après s'être tortillé le corps et la bouche en cul de poule dans tous les sens pour trouver son meilleur profil? Bref, le touriste pur et dur, c'est le Narcisse du voyage, la condescendance envers les autochtones. Le traveller lui est près à vivre avec eux, s'engouffrer dans les recoins de la ville, dépasser les limites au delà du guide de voyage et parfois dormir chez l'habitant. Géovoyage ne va peut être pas au bout du concept car il propose encore des hôtels mais est résolument prêt à fuir les plages envahies de touristes. Un exemple avec l'éditorial du numéro consacré à la Thaïlande:" Et nous avons osé Pukhet, "Pukhet quand même" comme l'écrit notre reporter, qui est allé chercher, sur cette île dévorée par le tourisme, sexuel évidemment aussi, les côtes, les plages, les villages qui rappellent qu'il existe une Thaïlande préservée et agréable". Ainsi, il tolère même les lieux du tourisme de masse mais vous engage à y aller avec un oeil de traveller. 

2) Des articles bien rédigés et en dehors des sentiers battus

Je trouve, et ce n'est là que mon avis propre, que les articles ont un style d'écriture bien différent qui s'apparente plus à un livret de voyage car un article de magazine classique. On y fait intervenir différents habitants qui expliquent pourquoi ils aiment les endroits où ils vivent, les problèmes qu'ils rencontrent avec le tourisme. Comme si le dialogue, la rencontre avec les autres sont au coeur du magazine. Les articles sont plus orientés vers la nature ou les régions reculées qui ne figurent pas le top 10 des guides de voyage. Découvrir le monde dans son entier, sa part d'ombre et de lumières, voilà le propos de la rédaction. On vous ballotera bien sur dans San Francisco et Los Angeles dans le numéro actuel sur la Californie mais avec un regard neuf, innovant, jamais pensé. On s'enfonce dans les ruelles plutôt que dans les grandes artères. Bref, on ose. Cependant, il est vrai que ce type de magazine n'est pas adapté à de simples touristes qui découvrent pour la première fois la ville et qui effectuent un court séjour. Certains articles donnent lieu à des séjours longs ou à une nouvelle visite de la ville. J'avoue me positionner encore entre le touriste et le traveller donc parfois, je ne pourrais pas utiliser ce magazine comme je le souhaite. 

3) Un magazine hyper référencé

Les rédacteurs bouent dans la culture et ça se sent. Je trouve merveilleux de nous faire découvrir des peintres connus et moins connus plus vus sous l'angle de l'homme que de l'artiste d'ailleurs. Les premières images du numéro sur la Californie sont associés à des passages de grands écrivains et quoi de mieux que lier littérature et paysage. Dans le numéro sur la Californie, un article est réservé aux cinéastes qui ont sur nous faire voyager avec la Californie des films de science fiction à "Django unchained", dernier chef d'oeuvre de Tarantino.

4) Le coin actu

C'est surement ma partie préférée. Le magazine s'évertue à briser les clichés, à montrer que les endroits ne cessent de bouger en mémorialisant leur passé tout en regardant vers le futur. L'analyse de l'actu de la région ou du pays évoqué nous permet de mieux saisir les mentalités des autochtones. Ces articles sont courts, ce qui évite le style pompeux. Il est passionnant de comprendre l'ambiguité thaïlandaise quand on sait que les ladyboys et l'homosexualité sont plus qu'acceptés alors que c'est un pays qui pratique encore l'enfermement pour crime de lèse majesté. Très intéressant de comprendre la psychose des Californiens autour du Big one. Vous savez où vous atterissez là où vos guides de voyages ne sont pas toujours à la page, ce qui est normal vu leur temps de renouvellement.

5) Les bonnes adresses

Géovoyage s'amuse en quelque sorte à concurrencer les guides de voyage en proposant des adresses hyper intéressantes en ce qui concerne les activités, l'hébergement ou la gastronomie. J'avoue que c'est parfois un peu cher même si cela donne toujours envie de rêver. Ainsi, des safaris nocturnes en Thailande pour espionner la faune la nuit dans la jungle ou le choix de plages californiennes spécialement choisies facilitent votre choix car on sent que ceux qui écrivent les articles y ont passé du temps. Je vous dirai s'ils avaient raison quand je les essaierai. 

Ainsi, Géovoyage, qui est un magazine bimensuel récent (seulement 13 numéros), se cherche encore dans sa pagination et son organisation de rubriques qui peuvent changer d'un numéro à l'autre. Mais peut-être faut-il le comprendre car chaque lieu est unique, chaque numéro l'est aussi. C'est une véritable plongée au coeur du voyage qui demande une ouverture d'esprit mais je sais que mes lecteurs en ont beaucoup. N'attendez plus et allez vite au kiosque.